Responsables du projet intégré: Delphine Pagès-El Karoui (INALCO, CERMOM) et Catherine Lejeune (Université Paris Diderot, LARCA)

Ce projet intégré intitulé « VILLES-MONDES : approches comparées du cosmopolitisme et des migrations » entend contribuer de façon originale à la discussion aussi bien théorique, empirique que méthodologique sur le cosmopolitisme comme outil heuristique de l’analyse des villes globales, des phénomènes migratoires, de l’altérité et de la diversité culturelle dans le monde global. Il souhaite créer un espace de discussion intellectuelle en France sur cette thématique encore méconnue dans l’hexagone et pourtant fortement débattue dans de nombreux pays (Grande-Bretagne, Allemagne, Italie, Australie par exemple) : le cosmopolitisme comme analyse spécifique du vivre ensemble et du fonctionnement du lien social dans des villes globales.

Thématiques et manifestations scientifiques associées

Villes-mondes cosmopolites

Avec Catherine Lejeune (Université Paris Diderot, LARCA), Delphine Pagès-El Karoui (INALCO, CERMOM), Vincenzo Cicchelli (Université Paris Descartes, GEMASS), Camille Schmoll (Université Paris Diderot, Géographie-Cités), Antoine Pécoud (Université Paris 13, CERAL) et Hélène Thiollet (Sciences Po, CERI)

Ce sous-projet s’inscrit à la croisée des études globales, de la recherche sur les villes et sur les migrations. Il analyse les changements urbains en les articulant aux mobilités et migrations, dans l’objectif de comprendre les mécanismes de construction des villes globales. Plus particulièrement, au sein des villes-mondes, il cherche à réfléchir au concept de villes cosmopolites et saisir les manifestations empiriques du cosmopolitisme par une approche multidisciplinaire, comparative (en faisant notamment varier les contextes migratoires d’intégration ou de non-intégration en Europe, aux Etats-Unis et dans le Golfe) et située (en s’intéressant aux espaces construits par des situations cosmopolites).

Les mots de la migration

Avec Florence Mourhlon-Dallies (Université Paris Descartes, EDA) et Marie Veniard (Université Paris Descartes, EDA).

Ce sous-projet se veut une exploration comparée du vocabulaire de la migration dans ses relations avec le cosmopolitisme. Son objectif est d’étudier une série de mots-clés traitant de la migration dans différentes langues afin de mettre au jour leur sens réel en usage, et non une abstraction de sens produite par un dictionnaire. Le projet, pluridisciplinaire (sciences du langage et sciences politiques), implique quatre pays (France, Allemagne, Grande-Bretagne, Italie) et s’appuie sur des corpus comparables de presse écrite, entre 1998 et 2012. A titre d’exemple, le corpus français compte 16 millions de mots. Ce corpus sera comparé avec un corpus de discours institutionnels, constitué de glossaires consacré au vocabulaire de la migration (en français, en allemand et en anglais). A travers les mots, c’est au discours et aux politiques en matière de migration dans chaque pays que nous souhaitons accéder. La question de la circulation des mots entre les discours institutionnels (nationaux et européens) et les discours médiatiques sera posée, ainsi que leur traductibilité. La question du cosmopolitisme est saisie ici par le prisme des manifestations lexicales d’ouverture, acceptation, hospitalité à l’égard des migrants ou au contraire de fermeture, rejet, refus.

La figure du consommateur immigré en Europe : regards franco-allemands

Avec Virginie Silhouette-Dercourt (Université Paris 13, CEPN / Centre Marc Bloch, Berlin)

En Europe, où près d’un Européen sur 5 est né à l’étranger ou a un de ses deux parents né à l’étranger, la diversité modifie les pratiques de consommation et la culture matérielle. On assiste ainsi à la diffusion d’une forme de cosmopolitisme « par le bas » amené par la figure du consommateur immigré. Le projet a pour ambition de faire émerger un nouveau champ de recherche portant sur ces processus de transformations amenés par la figure du consommateur immigré (extra-européen) sur le continent européen, via une comparaison entre Paris et Berlin. Face à la diversité croissante des populations européennes, il s’agit en effet de se saisir d’un des angles morts de la recherche sur l’immigration, l’angle de la consommation et de s’intéresser aux dimensions spatiales, sociales et symboliques de cette consommation.

Cosmopolitisme et repli sur soi dans une société post-attentats

Avec Vincenzo Cicchelli (Université Paris Descartes, GEMASS) et la participation de Sylvie Octobre (Département des études de la prospective et des statistiques au Ministère de la Culture)

Ce sous-projet part de l’idée que loin de disparaître, les frontières culturelles qui unissent et séparent les groupes humains deviennent à la fois plus poreuses et plus rigides, plus ouvertes et fermées. Nos sociétés s’ouvrent aux autres (les consommations culturelles venant d’ailleurs et les mobilités internationales les confrontent en permanence à la différence culturelle), tout en connaissant également un repli identitaire, que l’on observe notamment par la diffusion d’une rhétorique xénophobe et le retour en force et/ou l’essor de l’antisémitisme et de l’islamophobie. On ne saurait s’étonner. La globalisation – qui est à l’origine de ce paradoxe – est une machine à produire des interdépendances, et accentue aussi bien l’intégration que la fragmentation, l’inclusion que l’exclusion. Elle fournit des opportunités d’ouverture culturelle et d’empowerment pour les individus les plus mobiles, mais engendre de nouvelles inégalités, des frustrations, du désenchantement, du déracinement. Ceux qui se perçoivent comme les perdants de la compétition économique globale, comme les exclus du partage des richesses sont tentés par le repli identitaire.

Ce projet de recherche veut ainsi explorer l’impact des mécanismes d’ouverture et de fermeture des frontières culturelles sur la vie des individus et notamment dans une ville comme Paris, secouée par des manifestations de violence (attentats de 2015 et 2016).

 

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