Appel à contributions numéro 8/2023

La revue interdisciplinaire à comité de lecture Sociétés plurielles lance un appel à contributions sur le thème « Les sciences sociales entre universalisme et différentialisme : le retour des écoles nationales ? » dont l’argumentaire se trouve ci-dessous.

Le numéro inclura également les rubriques

  • Articles Varia
  • Lectures croisées
  • Comptes-rendus
  • Résumés de Thèse

Les propositions d’article, de lecture croisée et de compte-rendu ainsi que des résumés de thèse peuvent être envoyés à l’adresse de la rédaction : programmesp@gmail.com.

Les consignes aux auteurs figurent dans la pièce jointe.

Pour les articles : envoyer un texte d’une page, accompagné d’une courte biographie avant le 27 mars 2023.

Pour les comptes-rendus et les lectures croisés : envoyer directement le texte de 10-15 000 signes, accompagné d’une courte biographie avant le 15 mai 2023.

Pour les résumés de thèse récemment soutenues : envoyer un texte de 10 000 signes, accompagné d’une courte biographie avant le 15 mai 2023.

Sociétés plurielles n°8 – Appel à contributions

Social Sciences between Universalism and Differentialism:
The Revival of the National Schools?

English below

Les sciences sociales voient, de manière cyclique, revenir le débat sur le « différentialisme » – à savoir l’irréductibilité des différences entre les groupes humains et ses conséquences pour l’analyse, en termes notamment d’obstacle à l’élaboration de concepts universellement transposables.

La reconnaissance du « droit à la différence », dans les années 1950, introduisait une forme de relativisme culturel à l’encontre des biais coloniaux et occidentalistes qui marquaient les approches évolutionnistes alors prédominantes notamment en ethnologie. Pour autant, tout en s’élevant contre l’idée de hiérarchiser les cultures et sociétés, les sciences sociales ont aussi nuancé l’idée de différences irréductibles en démontrant les influences mutuelles qui marquent les ensembles culturels, caractérisés par des superpositions et des interconnexions bien plus que par une formation en silos.

Cela n’empêche pas l’idée de différentialisme de revenir, à intervalles réguliers, souvent portée par des agendas politiques nationalistes prétendant se soustraire aux obligations tenues pour universelles notamment en matière de respect des droits humains. Évidente en histoire ou en géographie, la mobilisation des sciences sociales au service d’agendas nationalistes travaille également la sociologie, l’anthropologie ou l’étude des relations internationales. En distant écho à la notion de « valeurs asiatiques », popularisée dans le champ politique au cours des années 1990 et tombée en désuétude depuis, on assiste par exemple depuis une vingtaine d’années à la refondation d’écoles nationales ou régionales qui entendent contribuer à l’émergence de conceptions alternatives et nationalement ancrées des différentes disciplines des sciences humaines et sociales. Celles-ci apparaissent particulièrement actives dans le contexte d’États émergents portant sur la scène mondiale un agenda réformiste et critique de l’universalisme, assimilé à une domination occidentale. Elles sont souvent portées par des académies actives dans l’élaboration d’une production intellectuelle propre à conférer une légitimité scientifique aux discours nationaux, comme c’est par exemple le cas de l’Académie chinoise des sciences sociales, l’Institut des sciences sociales et humanités de l’Académie russe des sciences, ou encore l’Académie indienne des sciences sociales.

Cet appel à contributions est ouvert à des travaux monographiques et comparatifs mettant en lumière l’évolution de la production en sciences sociales dans différents contextes nationaux, les liens entre savoir et pouvoir à travers le fonctionnement des académies nationales de sciences sociales et des thématiques privilégiées par leurs publications, ou encore le rapport entretenu dans différents contextes avec le débat sur le différentialisme culturel d’une part, l’universalisme politique et scientifique d’autre part.

“Identity versus science? Science at the service of identity?”.

In the social sciences, the debate on ‘differentialism’ – the irreducibility of differences between human groups and its consequences for analysis, particularly as an impediment to the development of universally transposable concepts – recurs periodically.

The recognition of the ‘right to difference’ in the 1950s introduced a form of cultural relativism against the colonial and Westernist biases that marked the evolutionary approaches then prevalent in ethnology. However, while protesting against the idea of a hierarchy of cultures and societies, the social sciences have also tempered the idea of irreducible differences by demonstrating the mutual influences that mark cultural groupings, characterised by superimpositions and interconnections rather than by a formation in separate blocks.

This does not prevent the idea of differentialism from coming back, at regular intervals, often carried by nationalist political agendas claiming to evade obligations held to be universal, particularly in terms of respect for human rights. Obvious in history or geography, the mobilisation of social sciences in the service of nationalist agendas also affects sociology, anthropology or the study of international relations. In a distant echo of the notion of “Asian values”, popularised in the political field during the 1990s and since fallen into desuetude, we have been witnessing, for example, for the past twenty years, the re-foundation of national or regional schools that intend to contribute to the emergence of alternative and nationally anchored conceptions of the various disciplines of the human and social sciences. These schools appear to be particularly active in the context of emerging states with a reformist and critical agenda of universalism, which is considered as Western domination. They are often supported by academies that are active in the elaboration of an intellectual production that confers scientific legitimacy to national discourses, as is the case, for example, of the Chinese Academy of Social Sciences, the Institute of Social Sciences and Humanities of the Russian Academy of Sciences, or the Indian Academy of Social Sciences.

This call for papers is open to monographic and comparative works highlighting the evolution of social science production in different national contexts, the links between knowledge and power through the functioning of national academies of social sciences and the themes privileged by their publications, or the relationship maintained in different contexts with the debate on cultural differentialism on the one hand and political and scientific universalism on the other.

Proposals in English, French, or German, can be sent to the editorial office at programmesp@gmail.com.

Instructions for authors are provided in the attachment.

For articles: send a one-page text with a short biography by February 27th 2023.

For reviews and cross-readings: send directly the text of 10-15,000 characters, with a short biography before May 15th 2023.

For abstracts of recently defended theses: send a text of 10,000 characters, accompanied by a short biography before May 15th 2023.